Le Croque-Mitaine.
Connaissez-vous bien cette créature terrifiante, qui a probablement hanter vos nuits de petits enfants ? Non ? Hé bien, si vous avez assez de courage et persévérence, ce qui suit vous décrira plus en détail la légende du terrible Croque-Mitaine.
Le croque-mitaine (ou
croquemitaine) est un personnage maléfique dont on parle aux enfants pour leur faire peur et ainsi les rendre plus sages.
Son rôle est souvent de marquer les interdits sur des moments, ou des lieux, considérés comme dangereux : en premier, la nuit, traditionnellement dévolue aux démons et aux mauvais esprits. Un croque-mitaine peut se dissimuler aux abords d'un cours d'eau ou d'un étang, afin de noyer les imprudents. Dans les régions où l'hiver peut être rigoureux, un croque-mitaine mange le nez et les doigts de l'enfant (les parties du corps les plus exposées aux gelures).
La crainte provoquée par la menace de tels personnages crée une peur qui n'a plus besoin d'être motivée : le croque-mitaine se cacherait sous le lit ou dans le placard et attendrait qu'un pied ou une main dépasse du lit pour tirer dessus, l'enfant serait alors aspiré sous le lit et disparaîtrait pour toujours.
Les croque-mitaines existent dans l'imaginaire de tous les pays. Leurs noms sont extrêmement variables et, sauf quelques particularités qui permettent de les identifier, leur aspect est assez mal défini, ce qui, dans une transmission orale, permet à chacun de s'imaginer un être d'autant plus effrayant : homme, femme, animal (le loup joue parfois le rôle de croque-mitaine), ou même une créature fantasmatique comme la
Cambacrusa (ou
camo cruse, "jambe crue") en Gascogne, qui est une
jambe nue avec un œil au genou !
Des personnes réelles et vivantes (âgées, au physique inquiétant, ou vivant en retrait de la communauté) endossent souvent, involontairement ou pas, la personnalité du croque-mitaine pour menacer les enfants.
L'essentiel étant d'
y croire. À cet égard, le croque-mitaine, supposé être une réalité pour être efficace, entre peu dans les contes de la tradition orale, qui sont en principe acceptés comme des fictions par les auditeurs. En revanche, c'est devenu un sujet pour la littérature écrite, la télévision, le cinéma.
Selon certains, le croque-mitaine serait à l'origine une sorte de loup-garou. Il est supposé se dissimuler de préférence dans les lieux sombres et fermés comme sous un lit, dans un placard, dans une cave, etc.
La croyance, jadis très répandue aux Pays-Bas, selon laquelle le croque-mitaine, sur l'ordre de son maître, se glissait dans la nuit par la cheminée pour apporter les cadeaux, est née au Moyen Âge. Dans la maison plongée dans le noir, la cheminée représentait l'inquiétant passage obscur qui faisait communiquer directement avec l'extérieur, la porte des esprits. Et malgré toutes les représentations grotesques du diable, on n'oubliait pas que celui-ci devait être un esprit, une puissance supraterrestre. Peut-être était-ce justement pour refouler ce personnage de croque-mitaine, ou par simple ignorance, ou encore par pure fantaisie romanesque, que l'on a fini, dans le Nouveau Monde , par faire descendre le Père Noël lui-même par la cheminée. Mais cette variation est peut-être aussi l'expression d'un espoir, celui de l'existence d'un esprit bienfaisant qui, même incognito, console les petits quand les puissants dorment.
Les traditions religieuses ont donné très tôt naissance à un personnage qui, à dates établies, vient récompenser les enfants sages. Il s'agit essentiellement, en Europe, de saints : saint Nicolas en premier. On lui a adjoint un autre personnage chargé de l'autre versant, qui lui, punit les enfants méchants ou désobéissants, un avatar du diable, mais qui devient vite un personnage profane, un croque-mitaine quasi-officiel : le père Fouettard et ses multiples variantes. Cependant que l'aspect religieux de saint Nicolas disparaît derrière la trogne joviale du Père Noël.